C’est aux Africains de promouvoir l’Art et l’Artisanat Africains

Kossi fait partie de la dernière génération de tisserands de sa famille. Son grand père fut un des talentueux tisserands dans la cour du Roi d’Abomey, en charge de créer des modèles sublimes pour les accoutrements du Roi. Aujourd’hui, sous le poids de l’âge, il continue par tisser difficilement les motifs autrefois ancestraux.

Il est surtout inquiet que ce métier disparaisse « Aucun de mes sept enfants n’a voulu apprendre ce métier. Ils trouvent que c’est un travail fastidieux qui n’a pas d’avenir parce que les pagnes chinois ont envahi nos marchés. Ils ont un peu raison parce qu’aujourd’hui, contrairement au passé, rare sont les personnes qui achètent nos produits, si ce n’est quelques touristes »

C’est le genre de cris de cœur qui m’ont motivé à vouloir concrétiser un de mes projets. Africas Beautiful Artcraft (l’artisanat sublime d’Afrique) est un concept qui cherche à valoriser et à promouvoir le riche et diversifié artisanat dont regorge notre continent Africain.

De par ma profession et pour des raisons familiales, j’ai eu la chance de voyager et de séjourner dans de nombreux pays africains et à chaque fois, j’ai toujours été sublimée par la richesse, la beauté et surtout la diversité de l’art et de l’artisanat qu’on trouvait dans chacun de ces pays.

Mais ce constat devient amer quand on se rend compte que dans la plupart des maisons, bureaux, hôtels et autres en Afrique, rares sont les pièces d’art et d’artisanat africains mis en valeur par les Africains eux mêmes. Nous sommes le continent qui consomme le plus ce qui vient d’ailleurs.

J’ai aussi eu la chance et le privilège de visiter plusieurs pays du monde et notamment l’Asie et de me rendre compte qu’aucun objet d’art ou d’artisanat Africain ne se retrouve presque jamais dans des maisons, bureaux ou hôtels Chinois.

L’artisanat est la transformation de produits ou la mise en œuvre de services grâce à un savoir-faire particulier et hors contexte industriel : C’est donc un travail minutieux, nécessitant une expertise manuelle particulière et souvent en décalage avec la modernité, voir l’industrialisation. L’artisanat véhicule souvent un savoir faire ancestrale, une histoire, une identité culturelle qui méritent tous d’être préservés.

Vu le caractère très informel de l’artisanat, il est difficile d’estimer le nombre de personnes travaillant dans ce secteur dans nos pays. Que cela soit l’artisanat de production, d’art ou de service ; ce secteur pourrait avoir un fort impact sur le Pib de nos pays.

Le Kente au Ghana, le Agaseke au Rwanda, le Kuba en RDC, bref, l’Afrique regorge d’un riche patrimoine et savoir faire ancestral qui mérite d’être mis en valeur par nous mêmes. Mais si l’artisanat paraît superflu, avec un coût de revient souvent élevé comparé aux produits industrialisés, il nous faut faire l’effort de pousser ce secteur à s’améliorer au quotidien.

Je reconnais qu’une certaine catégorie de l’artisanat africain n’a pas beaucoup évolué dans son adaptation aux besoins actuels de design, de créativité pour pousser l’homme « moderne » à s’y intéresser et s’en approprié sans complexe. Mais croyez-moi, avons avons encore de beaux objets qui peuvent sublimer notre intérieur.

Pour qu’effectivement ce secteur à fort impact humain et social puisse devenir un des leviers de nos économies, cela nécessite également une prise en charge au plus haut niveau :

1. Il est impératif de créer ou réorganiser les coopératives d’art et d’artisanat par métier

2. Il est nécessaire de les former aussi bien sur les enjeux économiques de leur secteur que sur les design, l’innovation, la créativité.

3. Les artisans ont besoin de de facilité bancaire pour améliorer par exemple leur outillage souvent désuet. Afin de constituer leur stock de matières première, nos artisans ont besoin d’être accompagné.

4. Il faut également susciter des personnes qui sont à même de promouvoir et de commercialiser notre artisanat au niveau national et international

5. Et pour finir, il nous faut tous faire l’effort de consommer notre artisanat. Sans notre contribution, le secteur est condamné à disparaître avec tout la richesse de notre patrimoine culturelle.

Aujourd’hui au Bénin, avec l’essor du Tourisme, l’art et l’artisanat peuvent valablement faire partie du packaging « branding » du Bénin. Soyons donc des consommateurs de notre art, de notre artisanat.

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