11 Mai 2018 ; une journée normale de travail au Bénin

Il est 23h10 dans notre belle cité de Cotonou où malgré la pluie, un état d’épuisement extrême, je décide d’écrire ces quelques mots.

Je dois avouer que l’écriture est l’une des passions qui me permet d’évacuer le stress.

Souffrez donc que je vous saoule avec le récit d’une de mes journées types de ma nouvelle vie d’entrepreneure au Bénin.

Ce récit, n’a rien d’exceptionnel par rapport aux journées de la plupart d’entre nous au Bénin.

Mais Aujourd’hui, Vendredi 11 Mai 2018, presque 10 mois depuis mon retour au Bénin, je sens le besoin de partager ce quotidien.

Un des grands penseurs, Adolphe d’Houdetot a dit ceci “L’expérience, pour celui qui sait en profiter, est le meilleur guide dans la conduite de la vie” Mes nouvelles expériences au Bénin ; positives et négatives constituent un apprentissage, une source de motivation.

9.45

Ma Nounou, censée commencer le travail à 7.30 vient d’arriver chez moi.

La raison de son retard : il pleut. Et oui, vous l’aurez compris, la vie s’arrête dans nos grandes villes quand il pleut.

Cela paraît un cliché mais la pluie est l’une des causes de notre inefficacité nationale.

Même si j’ai toutes les raisons de ne pas cautionner les retards, l’image apocalyptique de nos quartiers en saison de pluie peut démoraliser plus d’un.

Au Bénin, parce que les transports en commun “couverts” n’existent pas, il est donc quasiment impossible de trouver un moyen de transport qui acceptent de braver les grosses flaques d’eau de nos rues.

Parce que le développement des infrastructures, surtout routières, est capital pour tout essor économique, je m’impatiente pour la transformation de notre cadre de vie au travers des grands chantiers à caractère urbain.

10H12

Notre assistante au bureau n’a pas pu travailler depuis ce matin. La raison : l’internet ne marche pas.

Et elle attend impatiemment que la connexion revienne.

Nous avons pris un abonnement internet la semaine dernière qui marche comme un escargot.

Du coup, on attend, on subit et on est improductif.

Chez nous au Bénin, certaines prestations de service sont très mauvaises.

La médiocrité et surtout l’insolence de ces prestataires de service vis à vis des clients sont affolantes.

11. 30

J’ai un énième rendez vous de travail avec un Monsieur. C’est la troisième fois qu’on se fixe des rendez vous qu’il n’honore pas.

A chaque fois, il avait des excuses de dernière minute. Une fois, c’était pendant que je l’attendais sur le lieu du rendez vous que j’ai appris qu’il ne venait plus et qu’il était encore sur la route de Porto Novo.

Une des vraies problématiques de notre inefficacité nationale est notre mauvaise gestion du temps.

Le temps est long, élastique. On le perd à longueur de journée et surtout on fait perdre celui des autres.

12.49

Je passe commande pour un repas à livrer au bureau. Selon le responsable, le délai de livraison pouvait varier de 20mn à 2H. Je reçois mon repas froid à 13.55 emballé dans une pile de sachets plastiques noirs.

Je suis estomaquée par l’invasion de ces sachets et je ne touche pas au repas.

Ces sachets sont un vrai fléau ici parce qu’ils nous tuent à petit feu car nos populations mangent pratiquement tout, emballé dans ces satanés de polluants pour notre environnement.

Vivement la mise en application de la loi interdisant l’utilisation des sachets plastiques au Bénin.

14H05

J’ai rendez-vous avec un Béninois de l’extérieur qui est à l‘heure pile poils.

Ma première question est de me demander pourquoi certains savent respecter les rendez vous et pas d’autres ?

Respecter l’heure n’est pas une histoire de “blanc” ni “d’Africain” La bonne gestion du temps précède la réussite, le respect, le sérieux.

16H23

Les techniciens sont au bureau pour le problème de connexion.

En postant sur les réseaux sociaux l’état de la connexion internet, j’ai pu être mise en relation avec quelques personnes travaillant chez ce fournisseur d’internet.

Le verdict des techniciens est simple : l’internat dans cette zone ne marche pas bien.

Pour votre information, nos bureaux sont à Cadjehoun en pleine ville. Comment peut-on promettre aux clients des connexions internet et se faire entendre qu’il faut probablement changer de bureaux pour pouvoir jouir d’un service payé ?

17H25

Une personne que je ne connaissais pas est venue nous remettre sa participation pour la campagne de sensibilisation #SachetHéloue sur nos plages ce dimanche.

Cela fait pratiquement huit mois que nous menons seuls, avec nos amis et familles ce combat ; avec passion, énergie et nos ressources financières sans aucune aide financière quelconque.

Vous comprendrez donc que cela fait vachement chaud au cœur d’avoir des bonnes volontés qui qui nous aident de temps en temps.

19.30

Rentrée à la maison et accueillie par mes enfants super heureux, propres, en pyjamas et prêts pour leurs moments de lecture et de câlins.

Ces instants magiques, presque innocents nous font espérer que demain sera meilleur.

Mais je regarde dans les yeux de ces enfants et je rêve pour eux un Bénin où tout ce que j’ai décrit plus haut ne seront que des anecdotes inimaginables pour eux.

C’est pour nos enfants, pour que dans dix, vingt ans, ils aient un Bénin rayonnant, propre, digne, prospère que nous devons tout faire aujourd’hui pour changer les donnes.

Contrairement à ce qu’on pourrait croire, le découragement ne fait pas partie des émotions qui m’animent depuis mon retour au pays.

L’espoir, la foi et la détermination sont ce qui me caractérisent au quotidien ; malgré tout.

Notre pays le Bénin a d’énormes atouts pour se développer. Il nous faut juste bavarder moins et nous mettre sérieusement au travail.

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